Il faut avoir profondément conscience du côté furtif de notre vie ; est-elle d’ailleurs bien réelle, n’est ce pas seulement une illusion ? En tout cas
elle est bien courte et ne pèse pas dans la balance du temps ni de l’espace. Pour prendre conscience cela sous entend prendre du recul ; n’ayons pas peur de nous projeter loin dans le temps
et dans l’espace pour constater que nous n’existons même pas. Alors pourquoi souffrir ?Il
faut aussi avoir envie de refuser toute souffrance, chercher en fait à ne pas exister pour vivre vraiment. J’entends par là ne pas tomber dans les pièges des émotions qui nous accapare notre
temps, nous dévie de notre principal but : vivre, et vivre pleinement.Pour refuser ces
souffrances il faut bien sur les connaître, connaître les siennes, savoir à quoi elles sont dues, connaître celles des autres, savoir les détecter derrière leur « embroulliamini »
d’agressivité, derrière leur surface apparente.Accepter ce n’est pas vivre sans aucune souffrance, sans les autres,
c’est vivre avec mais sans volonté forcenée de contrôle ; dans le lâcher prise on ne lâche pas l’objet, on lâche notre volonté: Accepter c’est arrêter de vouloir contrôler sans arrêt des situations non contrôlables.
Evidemment, l’acceptation, vous l’aurez compris, oblige un entraînement régulier et fréquent au contact des autres, de leurs souffrances, au contact de soi-même avec notre propre souffrance. Donc en résumé, il faut savoir détecter chez les autres et détecter chez soi-même notre mal-être. Chez soi certains appelle çà de la méditation, chez les autres c’est de l’écoute. Et sur l’écoute il y aurait beaucoup à dire…il ne suffit pas d’entendre…Pour moi, accepter m’oblige aussi de faire appel à un concept de Dieu au sens large du terme car il est des choses plus difficile à accepter que d’autres ; mais à chaque fois de toute façon c’est notre volonté et notre orgueil qui sont remise en cause.Cela ne veut certainement pas dire non plus tout accepter ; il faut cibler les domaines dans lesquels on peut intervenir et alors là : foncer !
Arrêtez de mettre sans arrêt votre volonté en avant. Dans notre éducation on nous demande certes de nous affirmer sans cesse ; mais s’affirmer n’est pas se lancer dans un combat inégal où on est sûr de perdre. S’affirmer n’est pas vouloir à tout prix ou refuser à tout prix. Il faut savoir accepter la plupart des évènements quand on n’a aucune prise et lâcher la prise que l’on veut avoir sur les évènements qui nous mettent plus mal que bien.
Est-ce pour autant accepter n’importe quoi, dire amen à tout et ne jamais s’engager ? Certainement pas ! au contraire mobilisons nos énergies dans des choses que l’on peut changer.
Que de temps perdu à critiquer Dupont ? pourquoi ne pas prendre sa responsabilité le moment venu et faire à sa place ou bien faire à coté, ou encore faire avec lui…Ne passons pas à côté de l’essentiel qui est de faire, de construire. Nous ne sommes pas tous capables des mêmes choses, il faut savoir se mobiliser dans les choses que l’on sait faire et apprendre le reste.
Dans les pires situations, l’acceptation est la seule issue. Elle permet de continuer son combat de chaque jour dans des domaines où l’on peut intervenir. Notre propre mort sera à accepter comme le début d’autre chose, comme une autre libération dans notre parcours, comme une métamorphose, une mue supplémentaire.